samedi 27 octobre 2018

Adolescence prolongée



Un mysticisme des plus niais
Fleurissait-il dans mon esprit ?
Je méprisais les gens qui niaient
Mes visions comme des malappris

Un bon poète use des mots
Comme de sons dépourvus de sens
Vous dira-t-on un jour les maux
Que suscitait en moi l’absence

De raisons de battre des ailes
Au-dessus du Royaume des singes
De m’élancer tel une gazelle
Comme une putain hors de son linge ?

Je secouais mon imaginaire
Comme un paysan ses pruniers
Des sottises extraordinaires
Emplissaient bien vite mon panier

Je voulais rêvasser la Femme
Bien davantage que la connaître
J’étais dévoré d’une flamme
Qui consumait en vain mon être

Mais l’adolescente ingénue
Ou l’obscène dessin, à la craie
D’une sorcière à moitié nue
Ne me livraient aucun secret.

Je voyais avec désarroi
S’assouvir les passions des Rois
Comme les fantaisies putassières
Des créatures les plus grossières

Car jamais la Raison austère
Ne pourra dompter la Guenon
Ni les orgies du Parc au Cerfs
Ou les folies du Trianon

La folie ne succombe pas
Sous prétexte de guillotine
Il faudrait bien plus qu’un trépas
Pour que tout cela se termine

Car la Folie privée de tête
Renaît comme la queue du lézard
Toujours, ici bas, elle s’entête
Inspirée par l’Ange du bizarre

Alors, cuvant mes frustrations
Ébahi par tant de puissance
Dans un état de prostration
Je regrettais bien ma naissance.

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